Lot n° : 374 | Estimation : 900 - 1000€
[Île Maurice - Île de la Réunion - St-Pierre de la Martinique]. Registre de correspondances. 1812-1816.
In-4, (26)-154 pp. couvertes d'une écriture fine, régulière et très lisible (environ 30 lignes par page), [98] ff. vierges, le tout sur papier filigrané et réglé horizontalement, cuir de Russie fauve, dos lisse, encadrement de guirande et semis de croisillons à froid sur les plats, tranches marbrées (reliure du XIXe siècle).
Important registre de correspondance active comprenant 156 lettres et billets, depuis le 26 mai 1812 jusqu'au 26 septembre 1816. L'auteur ne donne pas d'éléments pour l'identifier exactement, mais une tradition extrinsèque attribue le texte à un membre de la famille gantoise des Falligan, qui a laissé de sa richesse et de son activité passées le magnifique hôtel qui orne le Kouter (place d'armes) de la ville. Le manuscrit s'organise en deux volets complémentaires : 1. Les premiers feuillets sont occupés par un registre alphabétique des correspondants, sur feuilles à onglets latéraux. 2. Le corps du texte consiste dans la minute de lettres expédiées depuis Londres (155 sur 156) ou Paris (la dernière) à de nombreux correspondants, et rédigées la plupart du temps en français, mais quelques fois en anglais. Les matières traitées sont essentiellement commerciales et financières (envoi de factures, de connaissements, d'états, etc., compte-rendus d'affaires, suivi de différents cours), confiées à des intermédiaires la plupart résidant à la Martinique, à l'Ile-Bourbon (la Réunion) ou à l'Ile-de-France (Maurice).
Mais une partie des lettres revêt un caractère plus intime, celles, généralement plus longues, adressées à M. de Montbrun Desbassyns, ou Mme Sophie de Montbrun, qui apparaissent comme des membres de la très célèbre et abondante famille créole Panon Desbassyns, originaire de Toulon, et fixée dans les îles dès le XVIIe siècle. Elle y fit souche de nombreuses branches, et devint l'une des plus riches familles de propriétaires terriens de Maurice et de La Réunion. Le ton de ces dernières missives laisse penser que l'auteur des lettres était le père ou le frère de Sophie de Montbrun ; il traite surtout avec son mari, et, si les considérations de négoce ne sont pas absentes, les sujets les plus variés sont abordés, dont la situation politique en Europe : c'est ainsi que les lettres du 4 novembre et du 23 décembre 1812 donnent des nouvelles de ce que l'on pouvait savoir à Londres de l'issue de la Campagne de Russie. Les opinions du rédacteur sont celle d'un "émigré" qui se glorifie de sa situation, et est résolument opposé à celui qu'il appelle ironiquement "le grand empereur". Les échecs de l'armée impériale en Russie le réjouissent : "Vous verrez par les papiers que ses succès en Russie lui ont coûté cher, que malgré tous ses efforts, il n'a pas encore rompu l'armée russe (4 novembre) ; "Les choses ont bien changé de face en Russie, et l'orgueil du petit caporal doit être terriblement rabaissé par la retraite qu'il est obligé de faire et que l'on pourrait appeler à plus juste titre une fuite plus qu'une retraite. Nous sommes tous ici dans l'admiration de Russes par le dévouement dont ils donnent des preuves tous les jours." (23 décembre). D'ailleurs, la dernière lettre signée de Londres est du 23 juin 1814 : avec une interruption de deux ans, l'auteur reprend son registre pour la dernière fois, le 26 septembre 1816, mais la missive est de Paris et l'on apprend que l'auteur est revenu de Londres à Paris. Dos et plats un peu frottés, qq. déchirures de ff., notamment une avec manque de texte en bas du ff. 102-103, mais bon exemplaire.
Lot n° : 374
Adjuge : - €
[Île Maurice - Île de la Réunion - St-Pierre de la Martinique]. Registre de correspondances. 1812-1816.
In-4, (26)-154 pp. couvertes d'une écriture fine, régulière et très lisible (environ 30 lignes par page), [98] ff. vierges, le tout sur papier filigrané et réglé horizontalement, cuir de Russie fauve, dos lisse, encadrement de guirande et semis de croisillons à froid sur les plats, tranches marbrées (reliure du XIXe siècle).
Important registre de correspondance active comprenant 156 lettres et billets, depuis le 26 mai 1812 jusqu'au 26 septembre 1816. L'auteur ne donne pas d'éléments pour l'identifier exactement, mais une tradition extrinsèque attribue le texte à un membre de la famille gantoise des Falligan, qui a laissé de sa richesse et de son activité passées le magnifique hôtel qui orne le Kouter (place d'armes) de la ville. Le manuscrit s'organise en deux volets complémentaires : 1. Les premiers feuillets sont occupés par un registre alphabétique des correspondants, sur feuilles à onglets latéraux. 2. Le corps du texte consiste dans la minute de lettres expédiées depuis Londres (155 sur 156) ou Paris (la dernière) à de nombreux correspondants, et rédigées la plupart du temps en français, mais quelques fois en anglais. Les matières traitées sont essentiellement commerciales et financières (envoi de factures, de connaissements, d'états, etc., compte-rendus d'affaires, suivi de différents cours), confiées à des intermédiaires la plupart résidant à la Martinique, à l'Ile-Bourbon (la Réunion) ou à l'Ile-de-France (Maurice).
Mais une partie des lettres revêt un caractère plus intime, celles, généralement plus longues, adressées à M. de Montbrun Desbassyns, ou Mme Sophie de Montbrun, qui apparaissent comme des membres de la très célèbre et abondante famille créole Panon Desbassyns, originaire de Toulon, et fixée dans les îles dès le XVIIe siècle. Elle y fit souche de nombreuses branches, et devint l'une des plus riches familles de propriétaires terriens de Maurice et de La Réunion. Le ton de ces dernières missives laisse penser que l'auteur des lettres était le père ou le frère de Sophie de Montbrun ; il traite surtout avec son mari, et, si les considérations de négoce ne sont pas absentes, les sujets les plus variés sont abordés, dont la situation politique en Europe : c'est ainsi que les lettres du 4 novembre et du 23 décembre 1812 donnent des nouvelles de ce que l'on pouvait savoir à Londres de l'issue de la Campagne de Russie. Les opinions du rédacteur sont celle d'un "émigré" qui se glorifie de sa situation, et est résolument opposé à celui qu'il appelle ironiquement "le grand empereur". Les échecs de l'armée impériale en Russie le réjouissent : "Vous verrez par les papiers que ses succès en Russie lui ont coûté cher, que malgré tous ses efforts, il n'a pas encore rompu l'armée russe (4 novembre) ; "Les choses ont bien changé de face en Russie, et l'orgueil du petit caporal doit être terriblement rabaissé par la retraite qu'il est obligé de faire et que l'on pourrait appeler à plus juste titre une fuite plus qu'une retraite. Nous sommes tous ici dans l'admiration de Russes par le dévouement dont ils donnent des preuves tous les jours." (23 décembre). D'ailleurs, la dernière lettre signée de Londres est du 23 juin 1814 : avec une interruption de deux ans, l'auteur reprend son registre pour la dernière fois, le 26 septembre 1816, mais la missive est de Paris et l'on apprend que l'auteur est revenu de Londres à Paris. Dos et plats un peu frottés, qq. déchirures de ff., notamment une avec manque de texte en bas du ff. 102-103, mais bon exemplaire.