Lot n° : 338 | Estimation : 15000 - 20000€
Chine. Y-KING, Antiquissimus Sinarum liber quem ex latina interpretatione P. Regis aliorumque ex Soc. Jesu P. P. Editit Julius MOHL. Stuttgart & Tubingue, Cotta, 1834-1839.
2 volumes in-8 de [1] f., xvi-474-[1] pp., 4 planches dépliantes ; [1] f., 588 pp. Premier tome relié en demi-basane brune, dos lisse, titre doré, date en queue (reliure moderne) et second tome broché, couverture d’attente, inscriptions manuscrites sur la couverture ("à Monsieur M. Barucchi - Directeur du Musée égyptien, professeur d'histoire à l'Université de Turin), dos usé avec qqs fentes. Les deux volumes réunis dans un emboîtage toilé bleu moderne. Très légères mouillures claires par endroits.
Rarissime première édition typographique toutes langues confondues (le texte existait jusqu'alors uniquement en manuscrit) du Livre des Mutations ou Livre des Changes, connu sous le nom de I Chin ou Y-King, l'une des œuvres les plus influentes et les plus importantes dans la culture chinoise l'histoire de la pensée chinoise et la pensée mondiale, notamment pour la conception du calcul moderne. Elle précède de plus de 40 ans la première impression du texte en Chine.
Révélé à l'empereur Fu Hsi il y a 5000 ans, le Y-King enseigne la science du changement et du mouvement en accord avec les processus de la nature ("Tao"). Fu Hsi a découvert les 8 trigrammes originaux vers 3000 avant notre ère ; le roi Wen (fondateur de la dynastie Zhou) a inventé les 64 hexagrammes vers 1000 avant notre ère ; et les "dix ailes" ou commentaires ont été ajoutés au texte vers 300 avant notre ère. Outre les principes divinatoires basés sur l'interprétation de 64 hexagrammes possibles, le texte a donc développé au fil des siècles une série de commentaires philosophiques qui ont fini par intégrer le corpus, reconnu par l'Empire, des cinq classiques du confucianisme et par influencer le taoïsme, le bouddhisme et, après sa transmission à l'Europe, la science et les mathématiques occidentales.
Cet ouvrage conforta Leibniz dans ses théories de l'arithmétique binaire et influença Carl Jung dans sa théorie de l'intuition. Leibniz semble avoir nourri l'idée du nombre binaire pendant quelques décennies, mais il semble que ses pensées se soient concrétisées et affirmées à la suite d'une correspondance sur le I Ching entamée par le jésuite Joachim Bouvet (mathématicien jésuite français entré au service de l’empereur Kangxi en 1690 comme professeur, cartographe et légat de Louis XIV), qui avait reçu en 1697 un exemplaire de "Novissima Sinica" un recueil de lettres et d'essais jésuites relatifs à la Chine et édité par Leibniz. En février 1701, Bouvet reçut une lettre de Leibniz qui lui décrivait son principe des mathématiques binaires, et il y vit une similitude avec la structure des hexagrammes du I Ching. Il répondit à Leibniz, en lui envoyant une gravure sur bois de "l'ancienne carte céleste" de Shao Yong en mettant en valeur la logique binaire inhérente et en la comparant directement au propre système de Leibniz. La lettre, reçue 17 mois plus tard, fut une véritable révélation pour Leibniz qui publia en 1703 son célèbre article sur l'arithmétique binaire en citant "les anciennes figures chinoises de Fohy [Fu Hsi]".
Cette édition est basée sur la traduction antérieure non publiée entreprise entre 1707 et 1723 par Jean Baptiste REGIS (qui avait accompagné Bouvet lors de sa mission en Chine) et deux autres érudits jésuites. La traduction de Regis a attendu plus d'un siècle avant d'être publiée sous la direction de Julius (ou Jules) Mohl, orientaliste française d'origine allemande.
Dans les temps pré-modernes, son symbolisme et sa numérologie ont été appliqués à l'explication d'un large éventail de sciences - de la physique et de l'astronomie à la biologie, la chimie et la géologie - et les adeptes du livre cherchent aujourd'hui à appliquer son texte à l'étude de l'informatique et du séquençage de l'ADN.
Le premier volume ne comporte pas, comme souvent, le demi-titre mentionné par Cordier. Très bon exemplaire, en reliure hétérogène mais bien conservés dans les 2 cas et dont le second volume est broché tel que paru. (Cordier 645.)
Édition d'une insigne rareté, surtout complet des deux volumes (seulement 4 exemplaires présentés en vente publique en quarante ans), de ce texte ancestral fondamental, aux sources de notre société numérique actuelle.
Lot n° : 338
Adjuge : - €
Chine. Y-KING, Antiquissimus Sinarum liber quem ex latina interpretatione P. Regis aliorumque ex Soc. Jesu P. P. Editit Julius MOHL. Stuttgart & Tubingue, Cotta, 1834-1839.
2 volumes in-8 de [1] f., xvi-474-[1] pp., 4 planches dépliantes ; [1] f., 588 pp. Premier tome relié en demi-basane brune, dos lisse, titre doré, date en queue (reliure moderne) et second tome broché, couverture d’attente, inscriptions manuscrites sur la couverture ("à Monsieur M. Barucchi - Directeur du Musée égyptien, professeur d'histoire à l'Université de Turin), dos usé avec qqs fentes. Les deux volumes réunis dans un emboîtage toilé bleu moderne. Très légères mouillures claires par endroits.
Rarissime première édition typographique toutes langues confondues (le texte existait jusqu'alors uniquement en manuscrit) du Livre des Mutations ou Livre des Changes, connu sous le nom de I Chin ou Y-King, l'une des œuvres les plus influentes et les plus importantes dans la culture chinoise l'histoire de la pensée chinoise et la pensée mondiale, notamment pour la conception du calcul moderne. Elle précède de plus de 40 ans la première impression du texte en Chine.
Révélé à l'empereur Fu Hsi il y a 5000 ans, le Y-King enseigne la science du changement et du mouvement en accord avec les processus de la nature ("Tao"). Fu Hsi a découvert les 8 trigrammes originaux vers 3000 avant notre ère ; le roi Wen (fondateur de la dynastie Zhou) a inventé les 64 hexagrammes vers 1000 avant notre ère ; et les "dix ailes" ou commentaires ont été ajoutés au texte vers 300 avant notre ère. Outre les principes divinatoires basés sur l'interprétation de 64 hexagrammes possibles, le texte a donc développé au fil des siècles une série de commentaires philosophiques qui ont fini par intégrer le corpus, reconnu par l'Empire, des cinq classiques du confucianisme et par influencer le taoïsme, le bouddhisme et, après sa transmission à l'Europe, la science et les mathématiques occidentales.
Cet ouvrage conforta Leibniz dans ses théories de l'arithmétique binaire et influença Carl Jung dans sa théorie de l'intuition. Leibniz semble avoir nourri l'idée du nombre binaire pendant quelques décennies, mais il semble que ses pensées se soient concrétisées et affirmées à la suite d'une correspondance sur le I Ching entamée par le jésuite Joachim Bouvet (mathématicien jésuite français entré au service de l’empereur Kangxi en 1690 comme professeur, cartographe et légat de Louis XIV), qui avait reçu en 1697 un exemplaire de "Novissima Sinica" un recueil de lettres et d'essais jésuites relatifs à la Chine et édité par Leibniz. En février 1701, Bouvet reçut une lettre de Leibniz qui lui décrivait son principe des mathématiques binaires, et il y vit une similitude avec la structure des hexagrammes du I Ching. Il répondit à Leibniz, en lui envoyant une gravure sur bois de "l'ancienne carte céleste" de Shao Yong en mettant en valeur la logique binaire inhérente et en la comparant directement au propre système de Leibniz. La lettre, reçue 17 mois plus tard, fut une véritable révélation pour Leibniz qui publia en 1703 son célèbre article sur l'arithmétique binaire en citant "les anciennes figures chinoises de Fohy [Fu Hsi]".
Cette édition est basée sur la traduction antérieure non publiée entreprise entre 1707 et 1723 par Jean Baptiste REGIS (qui avait accompagné Bouvet lors de sa mission en Chine) et deux autres érudits jésuites. La traduction de Regis a attendu plus d'un siècle avant d'être publiée sous la direction de Julius (ou Jules) Mohl, orientaliste française d'origine allemande.
Dans les temps pré-modernes, son symbolisme et sa numérologie ont été appliqués à l'explication d'un large éventail de sciences - de la physique et de l'astronomie à la biologie, la chimie et la géologie - et les adeptes du livre cherchent aujourd'hui à appliquer son texte à l'étude de l'informatique et du séquençage de l'ADN.
Le premier volume ne comporte pas, comme souvent, le demi-titre mentionné par Cordier. Très bon exemplaire, en reliure hétérogène mais bien conservés dans les 2 cas et dont le second volume est broché tel que paru. (Cordier 645.)
Édition d'une insigne rareté, surtout complet des deux volumes (seulement 4 exemplaires présentés en vente publique en quarante ans), de ce texte ancestral fondamental, aux sources de notre société numérique actuelle.