Lot n° : 169 | Estimation : 200 - 300€
Hérault. Album de photos "Hommages Respectueux à E. Nettleship. L’Abbé Capion. Vendemian." sl [Vendémian], sd [c. 1907].
Album in-4 oblong cartonnage percaline chagrinée rouge avec titre doré sur le plat (reliure de l'époque). Coiffes et coins usés.
12 grandes photographies originales (16,5 x 22,5 cm) contrecollées sur papier carton, représentant une vue aérienne du village, un portrait de l'abbé Capion, une vue intérieure de l'église, un portrait de M. Mazet et de sa maison, 5 portraits d'autres habitants, un portrait d'hommes et femmes travaillant dans la culture du raison de table, et une vue des ruines du Castelas.
Le village de Vendémian est connu notamment pour un cas clinique bien particulier : l’héméralopie héréditaire essentielle ou héméralopie nougarienne, une cécité nocturne touchant les descendants de Jean Nougaret, provençal ayant vécu à la fin du 17ème siècle. En deçà d’un certain seuil lumineux, variable selon les individus, les sujets sont incapables de se diriger ni de distinguer les objets qui les entourent.
Aux environs de 1660, Jean Nougaret, un Provençal des environs de Toulon, boucher de son métier (1637-1719), vint s’installer dans le petit village languedocien de Vendémian, en y épousant une fille du pays. Jean Nougaret ne se doutait pas que trois siècles plus tard, les savants du monde entier se pencheraient sur sa descendance, qui constitue le plus bel exemple mondial d’hérédité dominante dans la génétique humaine, et qu’il laisserait son nom à la postérité associé à une maladie unique et mal connue.
Jean?Nougaret a eu une descendance nombreuse (2137 personnes en 1908 dont 134 héméralopes) qui a fait tache d’huile autour du village originel de Vendémian, tout en restant relativement bien localisée jusqu’au XXème siècle dans cette région viticole où les mariages dans le même village et entre voisins et cousins étaient choses courantes pour protéger le patrimoine foncier. A l’heure actuelle, les descendants du Provençal constituent les seuls cas génétiques au monde dont l’arbre généalogique soit tenu à jour depuis 1637.
De longue date, les curés de Vendémian, selon la tradition, avaient des difficultés à faire venir leurs paroissiens aux offices du soir?: ceux-ci avaient beaucoup de mal à regagner leur foyer au soleil couchant. Aux XVIIIème et XIXème siècles, l’éclairage urbain n’existait pas encore dans les villages. Les héméralopes étaient condamnés à rentrer chez eux bien avant la nuit tombante, le nez en l’air et trébuchant, ne pouvant se guider que sur le rebord des toits de tuiles se détachant encore sur le ciel. Les habitants du village connaissaient l’ancestralité de la tare, et de sa transmission qui était honteusement cachée dans les familles.
En 1906, l'ophtalmologue anglais Edward Nettleship (1845-1913) contacta le Professeur Hermantaire Truc (1857-1929), créateur de la clinique ophtalmologique de Montpellier, lui demandant son concours pour une nouvelle étude de la famille Nougaret. Ce dernier réalisa avec l'aide précieuse d'Alphonse Capion (1866-1949), curé de Vendémian, en 1907, un gigantesque arbre généalogique recensant les 17 générations successives de descendants de Jean Nougaret, grâce aux registres paroissiaux et aux documents d’état civil. Un de ce tableau généalogique conservé à la paroisse de Vendémian dans le but d'éviter les mariages consanguins ultérieurs, fut subtilisé par les familles ! Cet album permit à Nettleship de confirmer le caractère congénital de cette condition.
L’anomalie génétique responsable de ce déficit a finalement été découverte en 1996 par le professeur Thaddeus Dryja, généticien au Harvard Medical School de Boston.
Cet album semble donc être un présent ou un souvenir offert par l'abbé Capion à Edward Nettleship en souvenir de sa visite à Vendémian et de son étude de plusieurs cas de villageois.
Lot n° : 169
Adjuge : 300 €
Hérault. Album de photos "Hommages Respectueux à E. Nettleship. L’Abbé Capion. Vendemian." sl [Vendémian], sd [c. 1907].
Album in-4 oblong cartonnage percaline chagrinée rouge avec titre doré sur le plat (reliure de l'époque). Coiffes et coins usés.
12 grandes photographies originales (16,5 x 22,5 cm) contrecollées sur papier carton, représentant une vue aérienne du village, un portrait de l'abbé Capion, une vue intérieure de l'église, un portrait de M. Mazet et de sa maison, 5 portraits d'autres habitants, un portrait d'hommes et femmes travaillant dans la culture du raison de table, et une vue des ruines du Castelas.
Le village de Vendémian est connu notamment pour un cas clinique bien particulier : l’héméralopie héréditaire essentielle ou héméralopie nougarienne, une cécité nocturne touchant les descendants de Jean Nougaret, provençal ayant vécu à la fin du 17ème siècle. En deçà d’un certain seuil lumineux, variable selon les individus, les sujets sont incapables de se diriger ni de distinguer les objets qui les entourent.
Aux environs de 1660, Jean Nougaret, un Provençal des environs de Toulon, boucher de son métier (1637-1719), vint s’installer dans le petit village languedocien de Vendémian, en y épousant une fille du pays. Jean Nougaret ne se doutait pas que trois siècles plus tard, les savants du monde entier se pencheraient sur sa descendance, qui constitue le plus bel exemple mondial d’hérédité dominante dans la génétique humaine, et qu’il laisserait son nom à la postérité associé à une maladie unique et mal connue.
Jean?Nougaret a eu une descendance nombreuse (2137 personnes en 1908 dont 134 héméralopes) qui a fait tache d’huile autour du village originel de Vendémian, tout en restant relativement bien localisée jusqu’au XXème siècle dans cette région viticole où les mariages dans le même village et entre voisins et cousins étaient choses courantes pour protéger le patrimoine foncier. A l’heure actuelle, les descendants du Provençal constituent les seuls cas génétiques au monde dont l’arbre généalogique soit tenu à jour depuis 1637.
De longue date, les curés de Vendémian, selon la tradition, avaient des difficultés à faire venir leurs paroissiens aux offices du soir?: ceux-ci avaient beaucoup de mal à regagner leur foyer au soleil couchant. Aux XVIIIème et XIXème siècles, l’éclairage urbain n’existait pas encore dans les villages. Les héméralopes étaient condamnés à rentrer chez eux bien avant la nuit tombante, le nez en l’air et trébuchant, ne pouvant se guider que sur le rebord des toits de tuiles se détachant encore sur le ciel. Les habitants du village connaissaient l’ancestralité de la tare, et de sa transmission qui était honteusement cachée dans les familles.
En 1906, l'ophtalmologue anglais Edward Nettleship (1845-1913) contacta le Professeur Hermantaire Truc (1857-1929), créateur de la clinique ophtalmologique de Montpellier, lui demandant son concours pour une nouvelle étude de la famille Nougaret. Ce dernier réalisa avec l'aide précieuse d'Alphonse Capion (1866-1949), curé de Vendémian, en 1907, un gigantesque arbre généalogique recensant les 17 générations successives de descendants de Jean Nougaret, grâce aux registres paroissiaux et aux documents d’état civil. Un de ce tableau généalogique conservé à la paroisse de Vendémian dans le but d'éviter les mariages consanguins ultérieurs, fut subtilisé par les familles ! Cet album permit à Nettleship de confirmer le caractère congénital de cette condition.
L’anomalie génétique responsable de ce déficit a finalement été découverte en 1996 par le professeur Thaddeus Dryja, généticien au Harvard Medical School de Boston.
Cet album semble donc être un présent ou un souvenir offert par l'abbé Capion à Edward Nettleship en souvenir de sa visite à Vendémian et de son étude de plusieurs cas de villageois.