Lot n° : 1376 | Estimation : 180 - 200€
Anonyme. L'Apologie ou la Défense des Paniers. Paris, Valleyre, [1727].
Plaquette in-4 de 8 pp. en ff., sans couverture.
Rare édition originale de ce texte prenant la défense de la mode féminine et en particulier de la mode toute récente et controversée des paniers : "Quant au fond, pourquoi blâmer dans les femmes les paniers, les hommes n'en portent-il pas ? Si l'on trouve ridicule l'évasement des jupes des femmes ; les culottes que les hommes portent faites en fourreaux de pistolets, sont-elles moins incommodes & d'un goût moins particulier ? Les casaques de laquais faites en houpelandes, dont les hommes se parent à présent, avec un grand collet pendant jusqu'à la moitié du dos, sans art, sans mesure & sans symétrie, faites d'ailleurs d'étoffes les plus grossières, sont-elles d'un goût moins bizarre que les paniers ? […] "
"Les comédiens ont un rôle qui s’étend, compte tenu de leur mise en scène et de leur succès, dans la vie quotidienne. Les danseuses, notamment, ont un rôle avéré dans la diffusion de la mode. En 1730, le goût pour les paniers s’amplifie. Ils auraient été mis au goût du jour par les danseuses. Les paniers se répandent ensuite dans toute la société et il n’est plus une femme, de la comtesse à la vendeuse de tisane, qui ne soit habillée ainsi vers 1735. […] Les pamphlets et autres récriminations ne tardent pas. Ce sont les Entretiens d’un docteur en théologie, le Cas de conscience sur les paniers par le père Duguet, l'Indignité et extravagance des paniers pour des femmes sensées et chrétiennes, ou encore l’Entretien d’un confesseur et d’une coquette sur les paniers (1735). Peu d’écrits de défense leur répondent. Nous citerons une chanson, et surtout un texte éloquent intitulé L’apologie ou la défense des paniers […]. Dans ce document, l’assemblée des femmes réfute l’accusation lancée par «des libelles scandaleux dans lesquels on parle de nous [les femmes] comme des personnes sans goût, en blâmant d’une manière outrée nos habillements, et en nous faisant passer pour des comédiennes et des Arlequines ». Le panier, popularisé par les actrices, produit un effet dévalorisant. Il est lié à une identité et, au-delà, à un mode de vie. Le clergé aussi finira par s’en mêler et par le condamner." Georgina Letourmy, Parure et critique sociale : à propos de feuilles en éventail de la première moitié du XVIIIe siècle, in Histoire de l'art n°48 (2001), pp. 53-65.
Lot n° : 1376
Adjuge : 180 €
Anonyme. L'Apologie ou la Défense des Paniers. Paris, Valleyre, [1727].
Plaquette in-4 de 8 pp. en ff., sans couverture.
Rare édition originale de ce texte prenant la défense de la mode féminine et en particulier de la mode toute récente et controversée des paniers : "Quant au fond, pourquoi blâmer dans les femmes les paniers, les hommes n'en portent-il pas ? Si l'on trouve ridicule l'évasement des jupes des femmes ; les culottes que les hommes portent faites en fourreaux de pistolets, sont-elles moins incommodes & d'un goût moins particulier ? Les casaques de laquais faites en houpelandes, dont les hommes se parent à présent, avec un grand collet pendant jusqu'à la moitié du dos, sans art, sans mesure & sans symétrie, faites d'ailleurs d'étoffes les plus grossières, sont-elles d'un goût moins bizarre que les paniers ? […] "
"Les comédiens ont un rôle qui s’étend, compte tenu de leur mise en scène et de leur succès, dans la vie quotidienne. Les danseuses, notamment, ont un rôle avéré dans la diffusion de la mode. En 1730, le goût pour les paniers s’amplifie. Ils auraient été mis au goût du jour par les danseuses. Les paniers se répandent ensuite dans toute la société et il n’est plus une femme, de la comtesse à la vendeuse de tisane, qui ne soit habillée ainsi vers 1735. […] Les pamphlets et autres récriminations ne tardent pas. Ce sont les Entretiens d’un docteur en théologie, le Cas de conscience sur les paniers par le père Duguet, l'Indignité et extravagance des paniers pour des femmes sensées et chrétiennes, ou encore l’Entretien d’un confesseur et d’une coquette sur les paniers (1735). Peu d’écrits de défense leur répondent. Nous citerons une chanson, et surtout un texte éloquent intitulé L’apologie ou la défense des paniers […]. Dans ce document, l’assemblée des femmes réfute l’accusation lancée par «des libelles scandaleux dans lesquels on parle de nous [les femmes] comme des personnes sans goût, en blâmant d’une manière outrée nos habillements, et en nous faisant passer pour des comédiennes et des Arlequines ». Le panier, popularisé par les actrices, produit un effet dévalorisant. Il est lié à une identité et, au-delà, à un mode de vie. Le clergé aussi finira par s’en mêler et par le condamner." Georgina Letourmy, Parure et critique sociale : à propos de feuilles en éventail de la première moitié du XVIIIe siècle, in Histoire de l'art n°48 (2001), pp. 53-65.