Lot n° : 639 | Estimation : 400 - 500€
HUMBOLDT (Wilhelm von). Mémoire confidentiel présenté par le Baron d’Humbold [sic], ministre plénipotentiaire du Roi de Prusse. Manuscrit. [Vienne], [1815].
In-folio (39,3 x 25,8 cm) de 11 pp. sur 3 feuilles doubles.
Important mémoire évoquant les rapports entre la France et les puissances alliées.
Frère du célèbre naturaliste et voyageur Alexander von Humboldt, Wilhelm von Humboldt (1767-1835) était philosophe, linguiste, diplomate et homme d’Etat prussien. En 1810, il créa l’Université de Berlin qui porte aujourd’hui son nom. Ambassadeur de Prusse en Autriche, il participa, en 1814-1815, au Congrès de Vienne, qui décida des nouveaux contours de l’Europe après les guerres napoléoniennes.
Le présent manuscrit, ici en copie d’époque, a été écrit après le retour de Louis XVIII à Paris (8 juillet 1815). Il constitue une réponse au mémoire du comte Capo d’Istria (Ioannis Kapodistrias), membre de la délégation russe au Congrès de Vienne, qui préconisait le paiement par la France d’une forte indemnité de guerre en échange du maintien de son unité territoriale.
Humboldt réfute cette opinion, évoquant le retour de Napoléon de l’île d’Elbe, le traité du 25 mars 1815 qui donna naissance à la Septième Coalition, la défaite de Waterloo (18 juin 1815), l’occupation de Paris et la fragilité de l’autorité royale. Il demande au contraire que la France accepte d’importantes cessions territoriales, notamment les places fortes, et soit astreinte à une contribution plus modeste, afin de ne pas affaiblir le gouvernement français.
Extraits : « Quoique le Roy soit revenu, & que toute la France, à peu d’exceptions près, ait arboré le signe extérieur de la soumission à son pouvoir, il n’est guère encore possible de regarder le Roi et la France comme un & même pouvoir. L’autorité royale n’est encore ni assurée, ni consolidée […]. La nation étant mise dans une attitude entièrement hostile envers les Puissances alliées, elles ne peuvent la regarder comme étant devenue tout-à-coup entièrement amie. Elles ne peuvent se dispenser de la crainte, qu’ainsi les ménagements dont on a usé à la paix de Paris [en 1814], ne tournent au profit d’une partie de la nation qui s’opposeroit à nouveau aux Bourbons… » (pp. 3-4).
« Une autre répartition des forces respectives reste en conséquence le seul moyen qui puisse vraiment mettre l’Europe à l’abri de nouveaux dangers, et parmi les différentes méthodes qu’on pourroit adopter […], la plus simple, la plus conséquente & la plus conforme au système général des puissances alliées, paroitroit celle de procurer aux Etats voisins de la France une frontière assurée, en leur donnant comme moyen de défense, les places fortes dont la France, depuis qu’elle les possède, s’est servie comme des points d’agression […]. L’Allemagne de son côté, est un Etat essentiellement pacifique. La tranquillité de l’Europe ne peut en conséquence que gagner à ce changement de frontières » (pp. 7-8).
« C’est surtout en 1814 et 1815, avec la chute de Napoléon et la tenue du Congrès de Vienne, que Wilhelm agit pour la recomposition de l’Europe. Envoyé au congrès par le roi de Prusse, il n’est pas seulement chargé de négocier les dispositions territoriales qui concernent les Etats allemands, il s’implique aussi dans les débats sur l’avenir de l’Europe en général. A cette occasion, il élabore un langage diplomatique nouveau, qui fera du Congrès de Vienne un modèle pour toutes les négociations de paix internationales ultérieures… » (Bénédicte Savoy, Révolution, Régénération, in Les frères Humboldt, l’Europe de l’esprit, PSL, 2014, p. 52).
Le texte présente quelques corrections, correspondant à la rectification d’erreurs de copie. Il a été publié sous le titre : « Mémoire du baron de Humboldt, devant servir de réfutation à celui du comte de Capo d’Istria. Mémoire confidentiel », in Schaumann (Adolf Friedrich Heinrich), Geschichte des zweiten Pariser Friedens für Deutschland, Göttingen, 1844, II, pp. XVII-XXXI.
Document très lisible. Bords froissés avec qqs petites déchirures.
Lot n° : 639
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HUMBOLDT (Wilhelm von). Mémoire confidentiel présenté par le Baron d’Humbold [sic], ministre plénipotentiaire du Roi de Prusse. Manuscrit. [Vienne], [1815].
In-folio (39,3 x 25,8 cm) de 11 pp. sur 3 feuilles doubles.
Important mémoire évoquant les rapports entre la France et les puissances alliées.
Frère du célèbre naturaliste et voyageur Alexander von Humboldt, Wilhelm von Humboldt (1767-1835) était philosophe, linguiste, diplomate et homme d’Etat prussien. En 1810, il créa l’Université de Berlin qui porte aujourd’hui son nom. Ambassadeur de Prusse en Autriche, il participa, en 1814-1815, au Congrès de Vienne, qui décida des nouveaux contours de l’Europe après les guerres napoléoniennes.
Le présent manuscrit, ici en copie d’époque, a été écrit après le retour de Louis XVIII à Paris (8 juillet 1815). Il constitue une réponse au mémoire du comte Capo d’Istria (Ioannis Kapodistrias), membre de la délégation russe au Congrès de Vienne, qui préconisait le paiement par la France d’une forte indemnité de guerre en échange du maintien de son unité territoriale.
Humboldt réfute cette opinion, évoquant le retour de Napoléon de l’île d’Elbe, le traité du 25 mars 1815 qui donna naissance à la Septième Coalition, la défaite de Waterloo (18 juin 1815), l’occupation de Paris et la fragilité de l’autorité royale. Il demande au contraire que la France accepte d’importantes cessions territoriales, notamment les places fortes, et soit astreinte à une contribution plus modeste, afin de ne pas affaiblir le gouvernement français.
Extraits : « Quoique le Roy soit revenu, & que toute la France, à peu d’exceptions près, ait arboré le signe extérieur de la soumission à son pouvoir, il n’est guère encore possible de regarder le Roi et la France comme un & même pouvoir. L’autorité royale n’est encore ni assurée, ni consolidée […]. La nation étant mise dans une attitude entièrement hostile envers les Puissances alliées, elles ne peuvent la regarder comme étant devenue tout-à-coup entièrement amie. Elles ne peuvent se dispenser de la crainte, qu’ainsi les ménagements dont on a usé à la paix de Paris [en 1814], ne tournent au profit d’une partie de la nation qui s’opposeroit à nouveau aux Bourbons… » (pp. 3-4).
« Une autre répartition des forces respectives reste en conséquence le seul moyen qui puisse vraiment mettre l’Europe à l’abri de nouveaux dangers, et parmi les différentes méthodes qu’on pourroit adopter […], la plus simple, la plus conséquente & la plus conforme au système général des puissances alliées, paroitroit celle de procurer aux Etats voisins de la France une frontière assurée, en leur donnant comme moyen de défense, les places fortes dont la France, depuis qu’elle les possède, s’est servie comme des points d’agression […]. L’Allemagne de son côté, est un Etat essentiellement pacifique. La tranquillité de l’Europe ne peut en conséquence que gagner à ce changement de frontières » (pp. 7-8).
« C’est surtout en 1814 et 1815, avec la chute de Napoléon et la tenue du Congrès de Vienne, que Wilhelm agit pour la recomposition de l’Europe. Envoyé au congrès par le roi de Prusse, il n’est pas seulement chargé de négocier les dispositions territoriales qui concernent les Etats allemands, il s’implique aussi dans les débats sur l’avenir de l’Europe en général. A cette occasion, il élabore un langage diplomatique nouveau, qui fera du Congrès de Vienne un modèle pour toutes les négociations de paix internationales ultérieures… » (Bénédicte Savoy, Révolution, Régénération, in Les frères Humboldt, l’Europe de l’esprit, PSL, 2014, p. 52).
Le texte présente quelques corrections, correspondant à la rectification d’erreurs de copie. Il a été publié sous le titre : « Mémoire du baron de Humboldt, devant servir de réfutation à celui du comte de Capo d’Istria. Mémoire confidentiel », in Schaumann (Adolf Friedrich Heinrich), Geschichte des zweiten Pariser Friedens für Deutschland, Göttingen, 1844, II, pp. XVII-XXXI.
Document très lisible. Bords froissés avec qqs petites déchirures.