Lot n° : 1777 | Estimation : 6000 - 8000€
GAINSBOURG (Serge). La Bise aux Hippies / Hippie's rock. [1967].
Manuscrit autographe. 1 f. in-4 manuscrit au recto.
"Nous dessinons sur les trottoirs / "make love not war" [deux premières lignes biffées] / J'aime pas les tanks / j'aime pas les banques / j'aime pas les lords / les fords [rayé] / les macs / les gros / grands [rayé] / camps [rayé] / les cons / j'aime pas le son de l'hélicon / j'aime pas les frites / j'aime Brigitte [rayé] / j'aime pas la tour de Pise / mais j'aime les hippies". En marge : "le sang qui se répand [rayé] / le lait / le gin / j'aime pas la guerre / j'aime[rayé] j'veux pas la faire / tous les gros lards / pleins de dollards(sic) / les gros pleins d'sous / les gros pleins d'soupe". Avec 2 portées musicales.
"La chanson [créée par Sacha Distel et Brigitte Bardot à la télévision] qui a pour titre de travail Hippies' rock est écrite spécialement pour le 'Sacha Show' du 1er novembre 1967. Les interprètes Sacha Distel et Brigitte Bardot sont attifés en parfaits hippies avec chemises à fleurs et colliers dans une mise en scène en play-back où Serge Gainsbourg fait de la figuration en jouant de la guitare électrique. Le morceau est en fait construit sur un air joué au sitar indien, dans le plus pur style psychédélique de l'époque. La scène est rediffusée lors du 'Brigitte Bardot' Show du 1er janvier 1968, et l'enregistrement édité sous le titre Hippies sur la compilation américaine Spécial Bardot (Burlington Cameo BC-100) publiée fin 1968" G. Verlant & L. Picaud, L'Intégrale Gainsbourg. L'histoire de toutes ses chansons, Fetjaine, 2011.
Très beau manuscrit très graphique, d'une période artistique (et personnelle) intense pour Serge Gainsbourg. A la fin des années 1960 Gainsbourg se dévêt de son style variétés/jazz pour plonger dans la pop, comme en témoigne cette courte immersion dans le psychédélique, déjà amorcée pour France Gall avec Teenie Weenie Boppie. Gainsbourg, dans la Bise aux Hippies, recourt à tous les codes du genre en employant, de façon assez inhabituelle pour lui, le sitar. Il emploiera de nouveau cet instrument si en vogue à l'époque, avec Serge Colombier pour la bande originale, sublime, du film Manon 70 de Jean Aurel (avec Catherine Deneuve et Sami Frey) dans New Delire, qui sera enregistrée en janvier 1968.
Les paroles du manuscrit, qui varient beaucoup de la version définitive malgré une structure identique, témoignent du goût de Gainsbourg pour les rimes par paires avec une racine répétitive (que l'on retrouve dans beaucoup de chansons de cette période de transition) et pour les bons mots. On y retrouve aussi l'intérêt de Gainsbourg pour les "ricains", déjà consacré par New York USA et confirmé entre autres l'année suivante par Ford Mustang.
La Bise aux Hippies sort donc fin 1967 alors que Serge Gainsbourg vit une brève mais non moins intense passion avec Brigitte Bardot. Pour sa muse sublime (mais mariée à Gunther Sachs), Gainsbourg écrit de nombreux titres à succès : Harley Davidson, Bonnie and Clyde, et l'inoubliable Je t'aime… moi non plus qu'il ne pourra sortir qu'en 1986 après l'avoir brillamment réinterprété avec sa nouvelle muse et épouse Jane Birkin l'année suivante. Il lui dédie le titre éponyme de son nouvel album le superbe Initials B.B. en 1968.
Dans ce contexte, comment ne pas voir dans cette déclaration rayée "j'aime Brigitte" le symbole de cette histoire d'amour entre deux légendes qui inspira à Gainsbourg certaines de ses plus belles chansons ? Un mythe par écrit.
Lot n° : 1777
Adjuge : 6000 €
GAINSBOURG (Serge). La Bise aux Hippies / Hippie's rock. [1967].
Manuscrit autographe. 1 f. in-4 manuscrit au recto.
"Nous dessinons sur les trottoirs / "make love not war" [deux premières lignes biffées] / J'aime pas les tanks / j'aime pas les banques / j'aime pas les lords / les fords [rayé] / les macs / les gros / grands [rayé] / camps [rayé] / les cons / j'aime pas le son de l'hélicon / j'aime pas les frites / j'aime Brigitte [rayé] / j'aime pas la tour de Pise / mais j'aime les hippies". En marge : "le sang qui se répand [rayé] / le lait / le gin / j'aime pas la guerre / j'aime[rayé] j'veux pas la faire / tous les gros lards / pleins de dollards(sic) / les gros pleins d'sous / les gros pleins d'soupe". Avec 2 portées musicales.
"La chanson [créée par Sacha Distel et Brigitte Bardot à la télévision] qui a pour titre de travail Hippies' rock est écrite spécialement pour le 'Sacha Show' du 1er novembre 1967. Les interprètes Sacha Distel et Brigitte Bardot sont attifés en parfaits hippies avec chemises à fleurs et colliers dans une mise en scène en play-back où Serge Gainsbourg fait de la figuration en jouant de la guitare électrique. Le morceau est en fait construit sur un air joué au sitar indien, dans le plus pur style psychédélique de l'époque. La scène est rediffusée lors du 'Brigitte Bardot' Show du 1er janvier 1968, et l'enregistrement édité sous le titre Hippies sur la compilation américaine Spécial Bardot (Burlington Cameo BC-100) publiée fin 1968" G. Verlant & L. Picaud, L'Intégrale Gainsbourg. L'histoire de toutes ses chansons, Fetjaine, 2011.
Très beau manuscrit très graphique, d'une période artistique (et personnelle) intense pour Serge Gainsbourg. A la fin des années 1960 Gainsbourg se dévêt de son style variétés/jazz pour plonger dans la pop, comme en témoigne cette courte immersion dans le psychédélique, déjà amorcée pour France Gall avec Teenie Weenie Boppie. Gainsbourg, dans la Bise aux Hippies, recourt à tous les codes du genre en employant, de façon assez inhabituelle pour lui, le sitar. Il emploiera de nouveau cet instrument si en vogue à l'époque, avec Serge Colombier pour la bande originale, sublime, du film Manon 70 de Jean Aurel (avec Catherine Deneuve et Sami Frey) dans New Delire, qui sera enregistrée en janvier 1968.
Les paroles du manuscrit, qui varient beaucoup de la version définitive malgré une structure identique, témoignent du goût de Gainsbourg pour les rimes par paires avec une racine répétitive (que l'on retrouve dans beaucoup de chansons de cette période de transition) et pour les bons mots. On y retrouve aussi l'intérêt de Gainsbourg pour les "ricains", déjà consacré par New York USA et confirmé entre autres l'année suivante par Ford Mustang.
La Bise aux Hippies sort donc fin 1967 alors que Serge Gainsbourg vit une brève mais non moins intense passion avec Brigitte Bardot. Pour sa muse sublime (mais mariée à Gunther Sachs), Gainsbourg écrit de nombreux titres à succès : Harley Davidson, Bonnie and Clyde, et l'inoubliable Je t'aime… moi non plus qu'il ne pourra sortir qu'en 1986 après l'avoir brillamment réinterprété avec sa nouvelle muse et épouse Jane Birkin l'année suivante. Il lui dédie le titre éponyme de son nouvel album le superbe Initials B.B. en 1968.
Dans ce contexte, comment ne pas voir dans cette déclaration rayée "j'aime Brigitte" le symbole de cette histoire d'amour entre deux légendes qui inspira à Gainsbourg certaines de ses plus belles chansons ? Un mythe par écrit.