Lot n° : 100 | Estimation : 150000 - 200000€
Maestro dei CASSONI CAMPANA
(Actif à Florence au début du XVIème siècle)
Scène de la vie de Thésée et d'Hippolyte
Panneau de peuplier parqueté
69 x 161 cm
Provenance : Collection privée Limoges - par descendance collection Eiffel
Expert : René MILLET
Notre tableau complète une série de quatre peintures sur panneaux de peuplier
ayant appartenu à la collection Campana et déposés depuis 1976 au Petit Palais
d'Avignon (voir M. Laclotte et E. Mognetti, Avignon Musée du Petit Palais, Peinture
italienne, Paris, 1987, n°127-130, reproduits).
Longtemps considérés comme des cassoni (coffres de mariage destinés à des chambres
nuptiales) ces tableaux par leurs importantes dimensions sont plutôt des spalliere
(panneaux insérés dans des boiseries destinés à décorer la chambre des époux).
La série d'Avignon relate les histoires tragiques mais néanmoins fabuleuses
de Pasiphaé, Minos, Thésée et Ariane (pour une discussion iconographique voir
A. P. de Mirimonde, " Les quatre cassoni du Maître des Cassoni Campana
", Revue du Louvre, 1978, pp.89-97).
Dans le quatrième panneau Thésée, accompagné de Phèdre, quittait Ariane sur
l'île de Naxos, naviguait vers Athènes où son père, le croyant mort, se jetait
de la tour.
Nous retrouvons ici, quelques années plus tard, Thésée et Phèdre suite à l'abandon
d'Ariane par ce dernier.
A propos de la source de ce mythe, l'artiste se serait inspiré des écrits d'Apollodore
d'Athènes ou d'Ovide mais en les réinterprétant, tel que cela se faisait au
Moyen-âge pour mettre à l'honneur le christianisme qui triomphe face au paganisme.
En effet, la partie gauche de notre panneau représente clairement des moments
que l'on retrouve dans les écrits antiques.
Hippolyte est poursuivi par sa belle-mère, Phèdre, qui veut le séduire tandis
que la nourrice de cette dernière assiste à la scène.
A leur gauche Phèdre se trouve à genoux devant son époux qui n'est autre que
Thésée, le Roi de Trézène et le père d'Hippolyte. Elle accuse son beau-fils
d'avoir tenté de la violer ce qui va conduire le roi à exiler l'innocent. Hippolyte
est donc représenté en arrière-plan, au centre de l'œuvre, quittant la ville
sur son cheval.
C'est là que les sources antiques s'arrêtent et laissent la place aux écrits
médiévaux, légendes des saints : au lieu de présenter la mort d'Hippolyte telle
que décrite par Apollodore d'Athènes, le Maître des Cassoni Campana dans un
jump spatio-temporel lui préfère le martyre de Saint Hippolyte. Soldat romain
du IIIème siècle, il a été supplicié pour avoir adopté les croyances et modes
de vie chrétiens. Ce soldat devait surveiller saint Laurent dans sa cellule
mais ce dernier l'a converti.
Puis, Hippolyte faisant preuve de charité et de miséricorde chrétiennes, l'empereur
Valérien le fit fouetter avant de le faire écarteler par des chevaux montés
(Hippolyte, le fils de Thésée, fut écartelé par ses chevaux en liberté).
Ces tableaux, par leur facilité décorative, leur sens de l'humour et leur beauté
esthétique ont attisé la curiosité de la critique.
Everett Fahy avait réuni les tableaux sous le nom de Maître de Tavernelle en
y joignant quelques tableaux religieux. Il y voyait un suiveur de Ghirlandaio
et de Filippino Lippi qu'il avait identifié à titre d'hypothèse avec Niccolo
Cartoni, un des assistants de Filippino. Cette hypothèse n'est plus suivie aujourd'hui.
Federico Zeri, déjà en 1966, y voyait un peintre probablement français et actif
à Florence au début du XVIème siècle. Il trouvait les architectures de la série
plutôt d'origine française et rapprochait les panneaux de certains ateliers
provinciaux, notamment ceux de Champagne et de Bourgogne.
Michel Laclotte en 1976, avec Zeri, a créé le nom de convention de Maître des
Cassoni Campana.
Annamaria Bernacchioni in " Gallo Fiorentino : il Maestro dei Cassoni Campana.
Un pittore Francese nella Firenze rinascimentale " in Benozzo Gozzoli e
Cosimo Rosselli nelle terre di Castelfiorentino. Pittura devozionale in Valdelsa
(Florence, 2011) proposait d'identifier l'artiste avec Antonio di Jacopo dit
Antonio Gallo, mentionné à Florence de 1505 à 1527 et qui serait venu en Toscane
avec Benedetto Ghirlandaio.
Christine Seidel, en 2015, décelait un peintre d'origine lyonnaise en raison
de rapports avec des manuscrits de cette ville (voir Ch. Seidel, " Un Français
à Florence ? Les Cassoni Campana reconsidérés " in La France et l'Europe
autour de 1500. Croisements et échanges artistiques, Paris, Ecole du Louvre,
2015, pp.275-288).
Enfin, Marilena Caciorgina proposait de lier ce décor aux noces de Ludovic de
Médicis et de Maria Salviati célébré en 1516.
Lot n° : 100
Adjuge : 200000 €
Maestro dei CASSONI CAMPANA
(Actif à Florence au début du XVIème siècle)
Scène de la vie de Thésée et d'Hippolyte
Panneau de peuplier parqueté
69 x 161 cm
Provenance : Collection privée Limoges - par descendance collection Eiffel
Expert : René MILLET
Notre tableau complète une série de quatre peintures sur panneaux de peuplier
ayant appartenu à la collection Campana et déposés depuis 1976 au Petit Palais
d'Avignon (voir M. Laclotte et E. Mognetti, Avignon Musée du Petit Palais, Peinture
italienne, Paris, 1987, n°127-130, reproduits).
Longtemps considérés comme des cassoni (coffres de mariage destinés à des chambres
nuptiales) ces tableaux par leurs importantes dimensions sont plutôt des spalliere
(panneaux insérés dans des boiseries destinés à décorer la chambre des époux).
La série d'Avignon relate les histoires tragiques mais néanmoins fabuleuses
de Pasiphaé, Minos, Thésée et Ariane (pour une discussion iconographique voir
A. P. de Mirimonde, " Les quatre cassoni du Maître des Cassoni Campana
", Revue du Louvre, 1978, pp.89-97).
Dans le quatrième panneau Thésée, accompagné de Phèdre, quittait Ariane sur
l'île de Naxos, naviguait vers Athènes où son père, le croyant mort, se jetait
de la tour.
Nous retrouvons ici, quelques années plus tard, Thésée et Phèdre suite à l'abandon
d'Ariane par ce dernier.
A propos de la source de ce mythe, l'artiste se serait inspiré des écrits d'Apollodore
d'Athènes ou d'Ovide mais en les réinterprétant, tel que cela se faisait au
Moyen-âge pour mettre à l'honneur le christianisme qui triomphe face au paganisme.
En effet, la partie gauche de notre panneau représente clairement des moments
que l'on retrouve dans les écrits antiques.
Hippolyte est poursuivi par sa belle-mère, Phèdre, qui veut le séduire tandis
que la nourrice de cette dernière assiste à la scène.
A leur gauche Phèdre se trouve à genoux devant son époux qui n'est autre que
Thésée, le Roi de Trézène et le père d'Hippolyte. Elle accuse son beau-fils
d'avoir tenté de la violer ce qui va conduire le roi à exiler l'innocent. Hippolyte
est donc représenté en arrière-plan, au centre de l'œuvre, quittant la ville
sur son cheval.
C'est là que les sources antiques s'arrêtent et laissent la place aux écrits
médiévaux, légendes des saints : au lieu de présenter la mort d'Hippolyte telle
que décrite par Apollodore d'Athènes, le Maître des Cassoni Campana dans un
jump spatio-temporel lui préfère le martyre de Saint Hippolyte. Soldat romain
du IIIème siècle, il a été supplicié pour avoir adopté les croyances et modes
de vie chrétiens. Ce soldat devait surveiller saint Laurent dans sa cellule
mais ce dernier l'a converti.
Puis, Hippolyte faisant preuve de charité et de miséricorde chrétiennes, l'empereur
Valérien le fit fouetter avant de le faire écarteler par des chevaux montés
(Hippolyte, le fils de Thésée, fut écartelé par ses chevaux en liberté).
Ces tableaux, par leur facilité décorative, leur sens de l'humour et leur beauté
esthétique ont attisé la curiosité de la critique.
Everett Fahy avait réuni les tableaux sous le nom de Maître de Tavernelle en
y joignant quelques tableaux religieux. Il y voyait un suiveur de Ghirlandaio
et de Filippino Lippi qu'il avait identifié à titre d'hypothèse avec Niccolo
Cartoni, un des assistants de Filippino. Cette hypothèse n'est plus suivie aujourd'hui.
Federico Zeri, déjà en 1966, y voyait un peintre probablement français et actif
à Florence au début du XVIème siècle. Il trouvait les architectures de la série
plutôt d'origine française et rapprochait les panneaux de certains ateliers
provinciaux, notamment ceux de Champagne et de Bourgogne.
Michel Laclotte en 1976, avec Zeri, a créé le nom de convention de Maître des
Cassoni Campana.
Annamaria Bernacchioni in " Gallo Fiorentino : il Maestro dei Cassoni Campana.
Un pittore Francese nella Firenze rinascimentale " in Benozzo Gozzoli e
Cosimo Rosselli nelle terre di Castelfiorentino. Pittura devozionale in Valdelsa
(Florence, 2011) proposait d'identifier l'artiste avec Antonio di Jacopo dit
Antonio Gallo, mentionné à Florence de 1505 à 1527 et qui serait venu en Toscane
avec Benedetto Ghirlandaio.
Christine Seidel, en 2015, décelait un peintre d'origine lyonnaise en raison
de rapports avec des manuscrits de cette ville (voir Ch. Seidel, " Un Français
à Florence ? Les Cassoni Campana reconsidérés " in La France et l'Europe
autour de 1500. Croisements et échanges artistiques, Paris, Ecole du Louvre,
2015, pp.275-288).
Enfin, Marilena Caciorgina proposait de lier ce décor aux noces de Ludovic de
Médicis et de Maria Salviati célébré en 1516.
171 lots
EXPOSITION (S) :
vendredi 14 juin de 09h00 à 12h00
vendredi 14 juin de 14h00 à 18h00
samedi 15 juin de 10h00 à 12h00
Lieu : Maison de Ventes PASTAUD Limoges 5 rue Cruche d'Or
Conditions : Paiement en espèces jusqu'à 1 000 euros - CB - Virement bancaire Les chèques ne sont pas acceptés Paiement comptant